6 vérités sur l’amour romantique

L’amour romantique est partout. Musique, séries, sur les réseaux sociaux, autour de la table et au travail. Il suscite également un intérêt croissant de la part des scientifiques, comme en témoignent le nombre croissant de publications sur ce sujet. Voici de quoi le démystifier tout en reprenant espoir de pouvoir aimer le ressentir.

L’amour romantique n’est pas nécessairement dyadique ni même interpersonnel

Bien que l’amour romantique comporte des aspects interpersonnels évidents (c’est-à-dire que les gens sont amoureux d’une autre personne et que les relations amoureuses impliquent plus d’une personne par définition), l’amour romantique n’est pas  nécessairement  dyadique ou interpersonnel. Par exemple, les gens peuvent développer des sentiments amoureux pour quelqu’un avant de s’engager dans une relation amoureuse, et ils peuvent encore ressentir des sentiments amoureux après la fin d’une relation. Les gens peuvent être amoureux de quelqu’un qui ne les aime pas en retour. Les gens peuvent aimer quelqu’un avec qui ils n’ont jamais été et n’auront jamais de relation amoureuse. Les gens peuvent ressentir des sentiments amoureux pour quelqu’un avec qui ils n’ont même jamais interagi. Les exemples sont le coup de foudre et l’attachement parasocial à des célébrités ou à des personnages fictifs dans des films, des émissions de télévision, des jeux vidéo et des livres.

L’amour n’est pas une émotion

Bien que les scientifiques ne s’accordent pas sur le nombre et les types d’amour qui existent, ils s’accordent à dire qu’il existe de multiples types d’amour, ce qui est une raison de penser que l’amour  dans son ensemble  n’est pas une émotion. Par exemple, les chercheurs ont fait la distinction entre l’engouement (aussi appelé amour passionné) et l’attachement (aussi appelé amour de compagnie). L’engouement est le stade précoce de l’amour, associé à l’euphorie, à la nervosité et aux papillons dans l’estomac. L’attachement, en revanche, prend du temps à se développer et constitue un sentiment apaisant et réconfortant.

Il y a aussi des raisons de penser que les différents types d’amour ne sont pas non plus des émotions. Tout d’abord, l’amour suscite différentes émotions selon la situation. Aimer quelqu’un qui vous aime en retour peut vous faire ressentir de la joie, tandis qu’aimer quelqu’un qui ne vous aime pas en retour peut vous faire ressentir de la tristesse.

Il y a une autre raison pour laquelle les différents types d’amour ne sont pas vraiment des émotions : les propres recherches en neurosciences montrent que la distraction après une rupture amoureuse diminue les sentiments négatifs mais pas l’intensité de l’amour, et qu’une réévaluation négative d’un ex-partenaire (par exemple, « Ils n’étaient pas si géniaux ») diminue l’intensité de l’amour mais augmente les sentiments négatifs.

L’amour romantique n’a pas que des effets positifs

• Premièrement, l’amour peut susciter plusieurs émotions négatives. L’engouement est stressant, l’amour peut être accompagné de jalousie, la mort d’un partenaire amoureux peut provoquer un chagrin intense, et l’amour non réciproque et les ruptures amoureuses déclenchent tristesse et honte.
• Deuxièmement, l’amour peut réduire le bien-être général. Les ruptures amoureuses sont un facteur de risque majeur de dépression chez les adolescents. Les relations amoureuses dysfonctionnelles et les ruptures amoureuses sont associées à une diminution du bonheur et de la satisfaction dans la vie.
• Troisièmement, les personnes amoureuses peuvent être distraites de leurs obligations (travail ou devoirs) parce qu’elles pensent tout le temps à leur bien-aimé. Même si cela ne dérange pas la personne amoureuse, cela peut entraîner une perte de productivité ou au moins une frustration chez les personnes qui l’entourent.
• Quatrièmement, l’amour joue un rôle dans plusieurs troubles mentaux (tels que les dysfonctionnements sexuels, les troubles paraphiliques et les troubles délirants érotomaniaques et jaloux), ainsi que dans les comportements suicidaires. Enfin, l’amour est associé à des comportements criminels tels que le harcèlement, la violence domestique et l’homicide.

Il n’existe pas de région cérébrale dédiée à l’amour, de neurotransmetteur de l’amour ou d’hormone de l’amour

L’amour affecte le comportement, les sentiments, les pensées et les réponses corporelles de différentes manières. Et chacun de ces « symptômes » de l’amour romantique dépend de différentes régions du cerveau et de plusieurs neurotransmetteurs et hormones.

Prenons par exemple le fait que les gens ont une meilleure mémoire pour les informations concernant leur bien-aimé, ce qui est lié au caractère excitant de ces informations. Nous savons qu’une meilleure mémoire pour les informations excitantes dépend de deux régions du cerveau appelées l’amygdale et l’hippocampe, du neurotransmetteur noradrénaline et des hormones adrénaline et cortisol. On peut donc s’attendre à ce que ces parties de notre système nerveux soient impliquées dans la meilleure mémoire pour les informations liées à l’être aimé.

Une drogue de l’amour ne sera pas développée de sitôt

Pour mettre au point une « pilule d’amour », il faudrait prouver que la modification du taux d’un neurotransmetteur ou d’une hormone modifie réellement l’intensité de l’amour. Mais la plupart des études menées jusqu’à présent n’ont comparé que des personnes qui sont amoureuses lorsqu’elles regardent des photos de leur bien-aimé avec celles qui regardent d’autres photos.

L’amour romantique n’est pas incontrôlable

Dans certaines situations, les sentiments amoureux peuvent être plus forts que souhaité, par exemple lorsque les gens sont encore amoureux d’un ex-partenaire, lorsque l’amour est interdit ou lorsque les gens sont amoureux de quelqu’un qui les traite mal. Dans de telles situations, les gens peuvent vouloir diminuer leur degré d’amour, ce qui peut les aider à faire face au chagrin d’amour. Cela peut également aider les gens à cesser de rechercher un partenaire inapproprié ou à mettre fin à une relation dysfonctionnelle (par exemple, abusive).

Une étude montre que quelque chose d’aussi simple que de regarder des photos de l’être aimé augmente l’engouement et l’attachement. Une autre étude révèle que penser aux aspects positifs de l’être aimé (« il est si intelligent », « il cuisine si bien »), à la relation (« nous sommes d’accord sur la façon de dépenser notre argent ») et à l’avenir (« nous vivrons heureux pour toujours ») augmente l’attachement. Et encore une autre étude suggère que fantasmer sur le fait d’avoir des relations sexuelles avec votre bien-aimé (par exemple imaginer quelque chose que vous aimeriez que votre partenaire vous fasse pendant l’acte sexuel) augmente le désir sexuel et l’engouement. Ce sont des stratégies que vous pouvez utiliser pour renforcer vos sentiments amoureux pour quelqu’un.

Dans une autre expérience, penser aux aspects négatifs de l’être aimé (« elle ne remet jamais le bouchon du dentifrice »), de la relation (« nous nous disputons souvent ») et de l’avenir (« nous ne resterons pas ensemble pour toujours ») a diminué l’engouement et l’attachement. Ce sont des stratégies que vous pouvez utiliser pour affaiblir vos sentiments amoureux pour quelqu’un.