Réviser son work self

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Travaillons-nous ou attendons-nous trop de notre travail ? Réévaluons ce qui nous motive et nous nourrit pour éviter de passer à côté d’une vie qui pourrait être réellement plus riche.

 

La tendance

 

Workisme : le travail est devenue une identité au même titre que peut l’être une appartenance religieuse. Il donne du sens à nos actions, correspond au désir et crée la sensation de faire une différence dans le monde. Comme lorsqu’on veille à ce qu’il nous permette de faire le bien autour de nous. Les narrations professionnelles de notre décennie sont truffées de justifications à connotations morales.

 

Autoactualisation : Nous attendons du travail qu’il contribue à notre épanouissement. Qu’il appartienne au dernier étage de la pyramide de Maslow dans notre développement personnel. Il n’est alors plus là pour subvenir à nos besoins élémentaires, mais tient le rôle d’un partenaire de vie sur lequel reposent nos attentes de complétude. La pression est forte. Très forte.

 

Workcentrisme : Lorsque nous sommes centrés en priorité sur notre vie professionnelle, nous délaissons les autres parties de nos vies. Esther Perel prend souvent l’exemple de ce moi dégradé que nous ramenons à la maison, tant nous avons investi l’excellence dans le champ professionnel et celui de la reconnaissance extérieure. Ne pouvant être à 100% dans tous les domaines, au détriment de quelle qualité de relations familiales et personnelles consacrons nous tous nos efforts ?

 

Évolution : Dans les 30 dernières années, les affiliations religieuses se sont érodées, mais notre besoin d’appartenir à une communauté demeure. Alors les vedettes contemporaines comportent désormais des entrepreneuses, entrepreneurs et patron·ne·s et les modèles qui nous inspirent se justifient par leurs succès professionnels.

 

Nomadisme : l’évolution post covid des modes de travail brouille encore plus les frontières au sein de nos personnalités. Il nous revient maintenant de démontrer notre valeur pro au sein même de nos foyers. La porte ne se referme plus, celle-ci laissait nos préoccupations et obligations sur le palier. Par ailleurs, plus nous nous sacrifions pour quelque chose, en y investissant du temps et des préoccupations, plus ce domaine devient sacré et idéalisé.

 

La réflexion

 

Productivité : nous sommes actuellement beaucoup à la recherche d’applications et de formules pour augmenter nos capacités de travail et de collaboration alors que nous devrions interroger notre boussole intérieure pour réguler nos efforts. Si on ne détermine son bien être que via ses succès professionnels, des frustrations sont garanties.

 

Réévaluation : réaliser que nous sommes porté·e·s par ces valeurs ambiantes doit nous inciter à développer d’autres facettes de nos existences : les relations, les découvertes, les hobbies et l’effort non professionnel. Déterminer comment se sentir complet·te en dehors de notre travail est une clé indispensable pour éviter l’épuisement

 

Nuances : Nous avons souvent une vision binaire de notre engagement professionnel. In ou out. Lorsque nous nous sentons investi·es, nous culpabilisons à l’idée de travailler moins ou autrement. Préoccupé·e·s, même, tant nous nous définissons par nos productions. Mais respecter des frontières entre productivité et qualité de moments par ailleurs, diminue les risques de burn out et de stress.

 

Repos : Plutôt que de se reposer une fois le travail effectué, nous gagnons à prendre des forces avant l’effort. Cet équilibre nous rend plus efficaces et fait de nous de meilleur·e·s compagnes et compagnons. Lorsque nous sommes trop infusé·es par notre travail, nous négligeons notre diversité personnelle. Poursuivre plusieurs lièvres en dehors de nos métiers est indispensable.

 

Agir autrement : plus nous travaillons, plus nos ressources énergétiques baissent. Au point de ne plus en avoir de disponibles à investir dans nos amitiés ou autres intérêts. Nous finissons presque par ne plus savoir qui nous sommes en dehors de nos jobs et pensons que se planter devant une série va nous ressourcer. Malheureusement non. Car ce qui nous donne de l’élan est porteur de sens.

 

Compartimenter : le travail n’est en fait qu’un compartiment de nous-même. Il nous apporte une identité, un système de valeur partagé, et peut être une véritable dynamique de sens. Le danger réside dans le fait qu’il domine tout.

 

Les solutions

 

« Good enough » : Un job à la bonne mesure est celui qui nous invite à être la personne que nous souhaitons être. Cette notion subjective nous permet de convertir l’énergie que nous dépensons à penser que nous devrions être encore plus porté·e·s ou passionné·e·s par notre travail au fait de créer une vie plus gratifiée. Il devient alors possible de nous investir dans autre chose : notre santé, communauté, famille, projets parallèles, etc.

 

Réévaluer : Les loisirs se structurent au même titre que nos professions. Une inscription à un cours de yoga, par exemple, correspond à une sacralisation d’un moment de détente. Mais veillons à ne pas optimiser ce temps libre à tout prix. Autorisons nous à jouer plus. Jouer consiste avant tout à s’investir pleinement dans le moment vécu. Sans arrière-pensée d’efficacité ou de rendement.

 

Multiplier ses identités : investir dans d’autres compartiments nous permet de ne pas produire seulement de la valeur économique. Décorréler des groupes d’individus de nos performances professionnelles nous enrichit. Plus nous avons d’identités différentes, plus nous saurons faire preuve de résilience. N’imposons pas nos succès ou défaites professionnelles à tout le monde.

 

Définir notre work self : En général, notre identité professionnelle est définie par nos employeurs ou nos missions. Mais nous pouvons en tenir les rênes en n’oubliant pas de s’avouer que nous avons besoin d’autre chose. Une relation à son travail est une valeur personnelle qui n’a pas besoin d’être le centre du système autour duquel tout tourne. Mais comme dans toute prise de conscience, se rappeler qu’aucune rééducation n’est facile. Prenons peut-être exemple sur les générations Z. Et si leur résistance à s’investir corps et âmes dans nos entreprises ne détenait pas une clé essentielle de leur équilibre face au chaos.

 

Lecture recommandée :  The good enough job : reclaiming life from work, Simone Stolzoff

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