Les clés du travail à distance par Alexia de Bernardy

38% d’entre nous ont plongé dans le télétravail ; si cet engouement de départ était très fort, certains sont parfois refroidis par cette réalité. En étant tous les jours à distance, le désengagement de nos interlocuteurs est extrêmement rapide (collègues, clients, partenaires, …). Or ce type de collaboration va faire partie de notre paysage de façon durable et les anciennes recettes ne fonctionnent plus. Quels sont les règles ou principes sur lesquels s’appuyer ?

A distance, il faut à la fois s’assurer d’être efficaces, que les objectifs soient atteints, et en même temps, il faut favoriser l’intégration des nouveaux, favoriser la compétitivité, la capacité à trouver des idées, le plaisir dans le travail, … tout en étant physiquement éloignés.

La solution, pour rendre tout ceci compatible dans la durée, repose sur deux principes : d’une part créer les conditions de la confiance avec ses interlocuteurs et d’autre part veiller à ce que le collectif prime toujours sur l’individu.

Or la confiance en équipe ne se décrète pas. Il faut donc créer des conditions pour que cette confiance puisse petit à petit s’installer à distance. Cela passe avant tout par le fait de veiller à ne pas négliger la relation. Or, à distance, même lorsque la caméra est activée, nous avons du mal à percevoir le non verbal, l’humeur du jour, le sourcil froncés, le doute, le décrochage, le collègue qui n’est pas mentalement dans la réunion ou qui est fatigué, … Nous restons au mieux en 2D ; on ne se touche pas, on ne se voit pas à la machine à café, on se comprend mal. Pour créer les conditions de la confiance, cela commence par le fait de chercher à comprendre l’autre, maintenir une bonne qualité de relation grâce à des rituels, du questionnement, en allant s’intéresser à l’autre.

Ceci est d’autant plus important qu’à distance nous sommes rassurés par le fait de toujours produire la même chose et de fonctionner en mode automatique. Cela nous rassure d’être en mode production, d’aller vite sur des tâches que l’on maîtrise, en faisant ce que l’on sait déjà faire : on est compétent, on produit, on a l’impression d’être efficace. Or le monde actuel est plein d’incertitude, ce qui nécessite de lâcher prise (« Que fait la concurrence ? Je n’en sais rien, je ne les vois pas. Je ne vais plus à des salons professionnels. » « Que font mes collègues ? Je n’en sais rien. Je ne les vois plus »), avec, en prime, la nécessité de s’adapter en permanence en fonction des nouvelles informations qui nous parviennent (évolution de la concurrence, du marché, des besoins, des règlementations, …). Comment maintenir sa curiosité et son intérêt pour les autres dans ce contexte ? Le grand risque du travail à distance est de stagner dans son développement professionnel, donc dans son employabilité. Pour éviter de tomber dans ce piège, maintenir une bonne qualité de relation et de confiance, à distance, participe à continuellement avoir envie de prendre des risques, innover, chercher des idées, être créatif et compétitifs.

Le levier majeur pour parvenir à créer cette qualité de relation et cette confiance au sein d’un groupe qui ne se voit pas, est de focaliser son énergie pour mieux communiquer et communiquer davantage, donner du temps à l’écoute. Voici 2 clés :

Une première clé, consiste à démarrer toute réunion par un tour de table,

pour partager, au choix, les bonnes nouvelles opérationnelles de chacun, un centre d’intérêt, une passion, ce qui fera le succès de la visio qui démarre, ou le challenge que chacun se fixe pour l’année à venir. Exemple de rituels de questionnement de début de réunion pour briser la glace : Qu’est-ce qu’on a pu mettre à profit cette semaine ? Quelle action a-t-on réalisée et qui nous a fait plaisir ? Si l’on devait décrire son humeur du jour sous la forme imagée de la météo, quelle serait-elle ?

Allez également chercher l’interaction avec vos interlocuteurs, en visio ou au téléphone, cette fois-ci en fin d’échange. Créez la rencontre en questionnant le ressenti de chacun, les objections, les avis. Voici quelques exemples de petites phrases magiques pour y parvenir :

• Qu’avez-vous appris ? Qu’avez-vous apprécié ? Qu’avez-vous envie d’ajuster ?
• Qu’avons-nous raté ? Qu’avons-nous envie de tenter ?
• Qu’est-ce qui vous a marqué ? Et la prochaine fois, que faire pour que ça se passe mieux ?

L’idéal, pour se lancer, est de tester différentes approches, différentes questions de ce type, pour trouver son style, pas trop dévoilant, plutôt convivial ou strictement professionnel (le livre en regorge).