Dîner de kifs 2015

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Il y a une semaine exactement, la dinde sortait du four. Je l’ai calée sur le comptoir, pour la laisser finir sa cuisson à l’air libre. C’est lors de cette dernière demi-heure que les sucs se dispersent, que j’enfile ma robe, allume les bougies et que les invités arrivent.

Il y a une semaine exactement, groggifiés par les événements, nous nous réunissions pour notre célébration annuelle de la gratitude : notre dîner de kifs. Autour de cette table, plusieurs natures d’intimes : ceux du quotidien, les proches hebdomadaires, les saisonniers et un couple d’annuels. En fait, que des personnes que j’aime, que je fréquente à intervalles irréguliers, mais qui tous, arrivent les bras chargés de mets, de rires et d’émotions à partager.

Le dress code était #panolie. Prévu panoplie, mais tapé avec un p en moins dans l’invitation. Pas fait exprès, mais tellement ri, que je n’ai rien démenti. Et ils se sont bien débrouillés  : un lapon comme là bas, des cow boys, un surfer, un basketteur, une prête à aller au lit, une autre en poisnolie, du judoka, de la chirurgienne, certains déguisés en d’autres présents (oui je sais, pas évident), une Robine sortie du bois et ma robe & corne de licorne.

L’année a été tonique. Charlie pour commencer, des parents disparus après de longues agonies, des naissances, de gros anniversaires, des revers professionnels, des premières années brillamment réussies, des voyages ensemble, des crises existentielles et le 13 novembre dont le vent est passé très très près de nous. Les humains sont palpitants. Faire un point dont on n’extrait que le meilleur, la reconnaissance et les apprentissages, même du pire, nous rapproche, nous stimule, et nous aide à relever la tête. Ce qui ressort cette année est la fierté, comme les tourments dominés, que nous procurent nos plus proches. Lorsqu’on cherche à remercier, ça tombe souvent sur quelqu’un autour de la table. Je réalise à quel point, malgré notre sensation individuelle d’indépendance, nous somme tellement interconnectés.

La cuisine a été facile. 10 ans de cuisson de dinde de 13 kg forment sa préparatrice. Presque une formalité. Il manquait mes enfants américains, mais les technologies les rapprochent sur commande. On pose une tablette sur le coin d’une table dans laquelle ils passent nous embrasser.

Remercier a été salutaire dans cette atmosphère nationale bancale. Régénérant parce que rassurant. Le phénix tapi en chacun de nous a puisé de l’énergie dans ce tour de table du meilleur. Nous avons ri, débriefé, re-ri, re-goûté et célébré. Célébré la simplicité de ce rituel auquel nous sommes tellement attachés. Dans ma course permanente, j’avoue, cette année avoir hésité à me mobiliser. Simplifier me disais-je. Alléger. Mais alléger quoi ? Des compétences qui ne me coûtent pas, un résultat qui dépasse tout, de l’amour en tornade, et des histoires qui me font chavirer ?

Ca n’est pas cela du tout qu’il faut alléger. Au contraire, c’est la partie de la vie qui me donnerait envie de ne pas faire ce dîner de kifs qu’il faudrait réformer. Ne jamais douter que le sprint requis sera récompensé. Que rien ne compte plus qu’une somme d’amis réunis. Et que ma folie d’en faire trop n’est que soignée et légèrement encouragée par des moments comme celui-ci. Car il nous permet tout simplement, de nous sentir unis.

Devenez animateur.trice d’ateliers de psychologie positive
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