Ma maman, Claude Servan-Schreiber

Claude Servan-Schreiber, ma mère

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Fête de mères, fête des mères, sachez que chez mes parents, nous ne fêtions pas la fête des mères. Car la mienne considérait, depuis que le régime de Vichy en avait fait l’un des emblèmes de la femme française, qu’une mère était bien plus qu’une pourvoyeuse de chair à canon célébrée par le Maréchal Pétain. Pour mieux comprendre son point de vue, ainsi que ce que nous devons aux femmes comme elle, qui nous ont précédées, je saisis l’occasion de sa participation à une émission sur France Inter pour vous présenter ma mère.

Cette émission revient sur le procès de Marie-Claire, 16 ans, jugée en 1972 pour s’être faite avorter. L’avortement était alors illégal en France. Grâce à la mobilisation de l’époque et la stratégie habile de Gisèle Halimi, avocate de Marie Claire et de ses « complices », ce procès dit de Bobigny a fait basculer la justice et trois ans plus tard, la loi Française.

Etrangement, je me souviens du soir de ce procès. J’étais assise sur le lit de mes parents devant le journal télévisé en noir et blanc. Maman témoin du procès, rentrait de Bobigny et s’est assise pour m’explique ce qu’était un avortement. A passage, elle a quand même vérifié : « Sais-tu comment on fait les bébés ? » Bien sûr que je savais… j’avais 8 ans 😉

Journaliste, militante et écrivaine, le travail de ma mère a toujours visé à permettre aux femmes de disposer de leurs droits. Nous ne réalisons pas toujours à que point sa génération nous a ouvert des portes aujourd’hui tout à fait enfoncées.

Le récit de ce procès est captivant, témoin de son époque et des pas de géants franchis depuis. Dans cette émission, vous entendrez Claude Servan-Schreiber, ma maman, expliquer comment la France en était arrivée là. Ce qui, dans notre histoire figeait le rôle des femmes et ce qui, grâce aux combats d’une génération, nous a permis de tant avancer.

J’ai appris plein de choses en l’écoutant. Et réalisé la chance que j’avais d’être née après elle et d’avoir grandi dans son sillon. Alors pour cela et pour tout le reste, évidement, merci Maman et bonne fête quand-même.

 

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5 commentaires sur “Claude Servan-Schreiber, ma mère”

  • cheviron sylvie dit :

    Bonjour FLORENCE J’AI LU VOTRE LIVRE LES FABULEUSES .

    JE LE TROUVE EXTRORDINAIRE.
    UN GRAND MERCI JE M’Y RETROUVE DANS VOS PENSEES.

  • Mello dit :

    Bonjour Florence,

    Des fois on ne sait pas à quel point on a bénéficié de cette loi. Par exemple ma mère a failli mourir à la naissance de mon petit frère et de ce fait elle avait une ordonnance l’autorisant à faire un avortement thérapeutique si jamais elle retombait enceinte car c’était la mort assurée à la 3ème grossesse. Mais c’était sans garantie qu’on accepte de le lui faire… avant 1975. Heureusement pour moi ma mère est toujours en vie.

  • Amandine BUFFIN dit :

    Bonjour Florence et merci pour cet article.
    Je fêterai encore plus la fête des mères. Pour célébrer ma mère et les femmes en général. Parce que j’éprouve de la gratitude car grâce à elle je vis une expérience humaine extraordinaire, et je veux célébrer le fait de donner la vie. Et le courage de toutes les femmes qui marquent l’histoire.
    Belle journée,

  • Mamandine dit :

    Bonjour Florence,

    Je vous lis souvent – au gré des quelques minutes que je vole à un quotidien envahissant…
    Je n’ai plus la chance d’avoir ma maman ici sur terre et votre message m’a émue aux larmes.
    Oui, nos mamans, par tous les efforts réalisés et les luttes menées, nous ont ouvert une route que nous devons – selon moi – continuer à creuser et goudronner pour nos filles !
    Je vous souhaite une très belle Fête des Mamans…
    … et surtout que cette fête dure toute l’année !
    Car c’est un bonheur de chaque jour d’être Maman
    (Pensée pour les mamans en désir de le devenir)

  • Marie Kléber dit :

    Le combat de ces femmes a changé notre vie. Quel courage et quelle énergie! Nous nous devons maintenant de faire en sorte d’aller sans cesse de l’avant.

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