Dans tous les sens

Chronique PSYCHOLOGIE POSITIVE MAGAZINE 50
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Attisés par la pleine conscience, voici le retour en force des sens

Les concerts à la bougie, dîners dans le noir ou vidéos AMSR se multiplient. L’AMSR se définit par une sensation distincte, agréable, de picotements ou de frissons au niveau du crâne, du cuir chevelu ou des zones périphériques du corps en réponse à un stimulus visuel, auditif, olfactif ou cognitif. Avoir la chair de poule, en quelque sorte. Créer de nouvelles conditions, bouscule nos sensations. On peut désormais se rendre à des festivals de piment ou des cours de cuisine de salsas piquantes.

L’hyper simplification de nos vies nous a endormis, serions-nous en train de nous réveiller ? On peut, par exemple, se servir un café parce qu’il suffit d’appuyer sur un bouton pour le confectionner, ou au contraire, peser et moudre soi-même des grains torréfiés par la main d’une experte pour atteindre un goût parfait.

 

Laurie Santos, professeure de psychologie à Yale, nous rappelle qu’explorer volontairement ses sens nous propulse plus fortement dans le monde,

tout comme une perte du goût ou d’odorat entraîne une forme d’isolement. Le partage de sensations, même silencieux, est un lien entre des individus autour d’un repas. Au contact de notre peau réside aussi une multitude d’informations. Des fabricants de vêtements ont ainsi décidé d’imprimer leur marque à l’intérieur du col plutôt que d’y coudre une étiquette qui gratte invariablement. L’aviez-vous remarqué ?

 

Se lancer dans une chasse aux sensations

Pour réveiller ses sens, on nous conseille, comme Gretchen Rubin[1], ethnologue urbaine du bonheur qui vient d’apprendre que sa vue baisserait continuellement, de se lancer dans une chasse aux sensations et d’en tenir un journal. Pour y consigner la qualité de nos expériences, et surtout leur intensité. Y noter l’effet déplaisant de marcher à côté d’un camion poubelle ou la merveilleuse odeur d’ail grillé qui s’échappe de la bouche d’aération du restaurant au coin de la rue. Parce qu’une odeur, sensation ou saveur nous rappellent le passé, elles préparent nos souvenirs futurs. Andy Warhol changeait régulièrement de parfum pour que chaque fragrance lui rappelle une période distincte de sa vie. Cette encyclopédie intérieure est si puissante que l’évocation d’un goût suffit souvent à raviver notre mémoire, sans avoir à y regoûter.

Ce jeu du quotidien fraie un passage indolore à la transcendance et nous procure invariablement une vie plus riche, juste à notre portée.



[1] Gretchen Rubin, Life in five senses, Crown 2023

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