Amnésie au festival

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Lorsque nous assistons à un concert truffé de fans, de bruit et de stimuli, il est tout à fait possible que nous ayons des difficultés à nous souvenir des morceaux joués par le groupe. L’amnésie post-concert est un effet répertorié par la faculté. 

Une première explication réside dans l’hyper excitation ressentie. Celle-ci sature nos perceptions. Le même mécanisme se met en marche lorsque nous sommes poursuivis par un ours sauvage. Toute notre concentration porte alors sur la fuite, nous empêchant de capter les détails de notre environnement. 

Mais un concert n’est pas une menace. C’est un moment joyeux, choisi et entraînant qui rassemble des gens contents. Lorsque nous vivons pleinement une telle circonstance, nous ne sommes plus à l’affût des détails. Lorsque nous sommes occupés à vivre notre vie, nous ne cherchons pas à la comprendre ou l’enregistrer. Se promener en forêt, par exemple, est moins à propos de repérer tous les insectes au sol que de se rendre agréablement d’un point A à un point B. On ne se rend pas à un concert avec l’intention de s’en souvenir, mais de s’y plaire. L’amnésie qui en découle prouve que nous étions dans le moment présent sans analyser et nous distancer de la musique.

Le psychologue Daniel Kahneman, lauréat du prix Nobel, distingue deux soi différents : le soi qui fait l’expérience et le soi qui se souvient. Le premier ressent les événements dans le présent, tandis que le second passera ce qu’il restera des souvenirs en revue. Notre tendance à l’oubli est liée à notre concentration sur le présent. 

Si nous tenions absolument à nous souvenir de tout, cela nous empêcherait de pleinement profiter du concert. Mais ce phénomène nous déçoit parfois. Tant d’anticipation, de voyage, et d’argent dépensé pour les billets, pour n’en conserver qu’une impression diffuse.

L’oubli est souvent considéré comme une déficience de la mémoire alors qu’il sert à nettoyer notre appréhension du monde pour y voir de nouvelles choses et les apprécier. Le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi a ainsi défini le flux, notre capacité à nous perdre dans une activité, pour le meilleur. L’oubli nous permet de faire l’expérience du flux et de retrouver de la joie dans le familier post concert sans regretter une expérience aiguë.

Publié le 10 août 2023

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