Révélation matinale. Je peux courir en silence. J’aime ça. Disons, pour être exact, que ce matin, j’ai aimé le faire. Pour la première foi de ma vie toute entière.

Je n’avais jusqu’à là pas imaginé me lancer sur un chemin en baskets sans m’assourdir. Je pensais même que c’était LA condition pour me permettre d’y aller. Conception étrange, je réalise, de créer le fracas dans ma tête pour ne pas m’entendre souffrir. C’était cela ma logique. Avec de la musique, je n’entendrai pas mon souffle peinant. Ou le bruit de me pas trop lourds ou trop courts.

Plusieurs conséquences à cela. Je cours toujours seule. En partie par rejet absolu, même d’un soupçon, de compétition, mais aussi par impossibilité de communiquer les tympans encombrés. Au mois d’Août, je retrouve ma soeur qui vit très loin de moi. Nous sommes voisines d’été. Elle a eu la bonne idée, cette année, de se mettre  à la course à pied. A y aller avec elle, là, je n’ai pas résisté. Un matin sur deux nos nous retrouvions dans le bois pour partir ensemble. Nous mettant mutuellement en garde contre notre inexpérience à la course en groupe.

Le premier matin, conditionnée, j’ai emporté de la musique, quand même. Imaginant probablement ne me l’administrer que dans  une oreille ?  Mais nous avions tant de choses à nous dire qu’aucun manque ne s’est fait sentir. C’est crevant de courir en parlant, ou l’inverse, mais je reconnais que ça passe bien plus vite. Je m’amuse ce matin de la force de nos croyance. » Je ne peux courir qu’en musique ». Ou dit autrement, j’ai peur de ce qui se passera si je ne réunis pas toutes mes béquilles pour être en situation optimale. Je ne fais pas assez confiance à l’improvisation, à l’autrement et très simplement, à mon propre corps, alors.

Camille est partie avant hier, au bout de 3 semaines totalement divines de rendez vous bavards. Donc ce matin, c’est toute seule que je suis allée taquiner le soleil levant. Harnachée de nouveau à l’ipod qui a glandé tout l’été. Au bout de quelques foulées, le bruit m’a dérangé. Je me suis débranchée. Pour voir. C’était bon. J’ai mieux reniflé les odeurs croisées, j’ai mieux senti le vent sur mes bras nus, j’ai entendu mon souffle peiner puis se calmer, aussi le bruit que faisait à chaque pas l’eau bue avant de partir, j’ai accordé à mon corps tout le crédit que ma tête cherchait à lui enlever.

C’est lui qui bosse, et je ne l’avais jamais reconnu. Il a raison d’exprimer sa difficulté dans les montées. Il en a surtout bien le droit. Ma tête ne voulait pas le savoir, pire, se considérait dérangé par le bruit qu’il faisait. J’ai tiré aujourd’hui plus de valeur de mon exercice que d’habitude. Car non, ça n’est pas facile de grimper dans la forêt, et oui, la descente est bien plus peinarde. Je me suis entendue donner tout ce que j’ai. C’est marrant. Car il y en avait, de l’effort et de l’énergie là dedans.

Et surtout, une croyance s’effondre. Et c’est le vrai pied de tout cela. C’est l’expansion de ma liberté, l’augmentation des choix, la possibilité de variété et ce plaisir inégalable d’avoir franchi quelque chose pour la première fois.

Il est 9h à peine. Aujourd’hui j’ai déjà appris un truc. Today’s gonna be a good day

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Devenez animateur.trice d’ateliers de psychologie positive
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