Ce qui distingue une tragédie d’une comédie est la fin. Mais en attendant celle-ci, il est troublant de voir combien les épisodes d’une situation monstrueusement préoccupante engendrent de situations à potentiel comique. J’exclue de cette réflexion tout ce qui se passe dans les hôpitaux et les familles touchées. Mais de notre fenêtre confinée, il ne nous est donné que de voir ce qui vient à nous. Réseaux, communications directes et informations.

Qui n’a pas proposé son « live » ?

Une des premières urgences a semble-t-il été de s’adresser en direct au reste du monde. J’ai reçu et croisé pléthore de propositions de se retrouver TOUS les jours en direct sur des chaînes, des comptes ou des groupes, par le biais de caméras tenues à bout de bras. Fascinante précipitation de se montrer, la tête en gros plan dès le premier jour d’une privation de liberté pour donner son conseil, son idée et son mode d’emploi, quand on est sans emploi.  Comme si l’expertise d’hyperactifs terrifiés par le vide, pouvait nous aiguiller vers ce qui nous attend réellement : la répétition, la gestion d’un cadre trompeur de vacances, la pression d’être isolé·e ou de ne plus pouvoir l’être (entre les deux, mon coeur balance). La réalité d’un rythme neuf à trouver est précisément de devoir le trouver. Et à son rythme.

Laissez nous chercher !

Entre sélections de films à voir, playlists pour tenir, 30 podcasts à réécouter et cours de gym d’appartement, je me demande quand même comment vivent les gens. Car beaucoup ont récupéré leurs enfants et conjoints à temps plein. Déjà là, voilà un film à observer. Ensuite le maximum possible de gens  télétravaillent. Avec enfants + école en ligne et un·e conjoint·e dans le périmètre avez-vous vraiment essayé ? Ensuite nous sommes nombreux à avoir des crises à gérer car jusqu’à la semaine dernière nous avions des clients, des projets, des revenus, des missions. Et là boum ! N’en a pu. Mais on leur dit quoi, on s’organise comment pour après, et puis c’est quand après ? On s’en fout et on binge des recettes de gâteaux ? Pas vraiment en fait. On se préoccupe et on agit pas mal sur ce qui peut être actionné. Le grand loisir viendra peut-être plus tard. 

On va devoir se supporter

Voilà l’aspect, qui le plus, donne envie d’être une petite souris dans les foyers. Comment allons-nous vivre ensemble non stop ? Il va y avoir des guerres de territoires, des humeurs volcaniques et des frustrations légitimes. Nos soupapes d’inquiétude et de ras-le-bol vont faire nos aimés nos punching balls. Si on en a sous la main. Je suis curieuse de connaître les nouvelles règles dans les foyers. Chez ma soeur, ses enfants jeunes adultes ont prévenu que lorsqu’ils ont une casquette sur la tête, il ne faut pas leur parler. Chez nous la connexion internet est à pédale. A 7 dans une tranchée, ça va probablement saigner.

Interprétations

Pour trouver cependant un peu de légèreté, je me trouve surprise par la réception de mails d’habitude anodins qui prennent un tout autre sens. Ce matin on m’a proposé 20% sur une valise et un masseur de mes connaissances nous fait savoir qu’il intervient aussi à distance. Le conseil qui m’a le plus plu est celui prodigué par le fournisseur de tenues de majorettes : continuez votre entraînement. Et figurez-vous qu’avant de partir m’exiler pour le confinement, j’ai précisément pris sous le bras mon bâton de majorette comme rempart contre la fin du monde. Ou comment se cramponner à la lueur irrépressible de croire encore au jeu, à la lumière et à l’avenir. 

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