Auditer le plaisir

Chronique PSYCHOLOGIE POSITIVE MAGAZINE 48
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Le philosophe Épicure considérait que le plaisir doit dicter nos pas, sans quoi, les nombreuses difficultés de la vie ne méritent pas d’être vécues. L’objectif est d’atteindre l’ataraxie, une tranquillité toute personnelle. Il nous faut donc savoir quels plaisirs embrasser et ceux à éviter, car vous l’aurez remarqué, tous n’engendrent pas que de la félicité. Emily Austin[1] nous propose d’en réaliser un audit en les classant en trois colonnes.

 

Les nécessaires

Faciles à atteindre, ils requièrent peu d’effort, les plaisirs nécessaires regroupent les choses simples de la vie : la nourriture, l’amitié, le temps libre, etc.

 

Les extravagants

Ce sont souvent des plaisirs simples poussés à l’extrême :  le luxe. L’épicurisme n’a rien contre, dès lors qu’ils ne font de mal à personne, qu’ils ne se transforment pas en projet de vie et qu’ils n’entravent pas les plaisirs nécessaires. Car lorsque nous sommes trop occupés à poursuivre un objectif « qui brille», nous risquons d’y sacrifier le temps à passer avec celles et ceux qui comptent, ou notre santé. Nous apprécions les plaisirs extravagants s’ils sont rares. Les provoquer avec excès augmente notre besoin de stimulation et la spirale hédoniste du « toujours plus » grimpe en flèche, nous laissant perpétuellement insatisfaits.

 

Les corrosifs

Ceux-là sont sans limite : la fortune, la beauté, la notoriété, etc. Ils sont toxiques car de cette quête nous ne pourrons jamais sortir vainqueurs, mais soumis à plus d’anxiété et à des risques de dépendance.

Lister ainsi nos préférences et appétits a pour objet de redonner du lustre à l’« assez », mesure indispensable pour espérer de la tranquillité. Épicure ne condamnait pas l’ambition, mais distinguait la satisfaction du succès, car celui-ci nous aspire dans un trou sans fond. Alors que faire de notre temps ?

Placer au sommet de nos priorités les amis, les amies, et encore les amis. Partager des repas, rire, provoquer des souvenirs chaleureux, ressentir de la gratitude et éprouver l’excitation de l’anticipation sont les plaisirs qui ,au passage, vont nous donner de la force et activer notre résilience.

Et c’est ainsi, qu’au dernier jour de sa vie, pétri de maladies invalidantes, Épicure a écrit à son ami Idomeneus pour lui dire que les souvenirs de leurs conversations lui permettrait d’endurer toutes les douleurs, jusqu’à la mort.

 

Exercice pratique : 3 colonnes et une limitation des réseaux sociaux, car nous n’y sommes pas influenceurs, mais influencés.

 



[1] Living for Pleasure : An epicurian guide to life, Oxford University press, 2023

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