Journée bénie des Dieux

Scotchée par la beauté de tout ce que j’ai vu.  Le raffinement nous vient de l’est. Du pays où se lève le soleil. Je n’en ai plus aucun doute. Je l’ai éprouvé de mes propres yeux. Je me dois de vous le raconter.

Une cérémonie de mariage Shinto dans la plus pure tradition de Kyoto. Orchéstrée au milimètre des rituels, déplacements et salutations. Une mariée d’une beauté qui l’empêche de respirer. La femme est un support, les étoffes, son contour. Sa chevelure est transcendée, ornée. Son corps est ficelé et soutenu, puis enrobé de mille tissus qui donnent une sensation gourmande à l’arrivée. Celle d’avoir envie de la manger. Yumiko m’évoquait la légerté de la crème chantilly. Dans mon vocabulaire, il n’y a rien de plus beau sur le plan culinaire. J’y lis la magie de l’air qui transforme la matière. Là, c’est pareil.

Et en cadeau, ma fille habillée elle aussi d’un kimono extravagant. Ligotée par le dessous, mais tellement belle dans ses soies pastelles. Sa blondeur donnait à l’ensemble une saveur inconnue et pourtant tellement naturelle. De son corps on ne voyait que sa nuque. Mais quel spectacle.

Les prêtres Shinto

Je n’en connaissais que sur des estampes. Coiffe noire haute ou galbée, nez plat, socques incroyables en forme d’un chapeau de torréador. Aucune photo tolérée dans l’enceinte, sinon, je vous l’aurai bien montré. Un bâton telle une langue applatie tenue contre la poitrine. Il sert à invoquer et à guider.

Des branches sacrées qui tournoient selon un mode d’emploi très stricte. Le père occidental du marié n’avait pas assez révisé. On lui a fait recommencer jusqu’à l’ordre retrouvé. Le baton guide. C’est la voie.

Les officiants, femmes et hommes, sont en blanc, le temple est peint en orange. C’est lumineux et somptueux. Le saké est servi dans des théières en or ciselé à manches directionnels. 45 minutes minutées. Car tout est tellement codifié. Le marié, mon frère, a dit son engagement en japonais. Sachez qu’il est né tahitien, élevé en France. Gros effort, dans le perfectionnisme alentours.

Nous sommes sortis en procession.

Photo de famille officielle. Un photographe lomographique, plié en deux sous la couverture de son appareil. Nous peinons à le croire, au pays de Nikon. Mais c’est ainsi. Kyoto ne court après aucun progrès, la simple perfection suffit. On s’en rend compte comme cela aussi. Nous aurons les tirages dans 6 semaines. Shinto yes, digital no.

Les jardins sont visités par l’empereur du japon et sa famille, tellement ils sont beaux. Cela fait la fierté de toute la région. On pourrait s’y ressourcer. S’y recuillir. Y écrire. Observer, sentir et ressentir. Les quelques canards et hérons qui s’y promènent nous narguent à peine, ils ne savent pas qu’ailleurs c’est autrement.

La suite fut un festin : prunes tatouées, portions sculptées, bouillons alternés, cuissons variées. En défilé.

Chacun, c’est la tradition, a été présenté au reste des invités. Un mot sur lui, une anecdote avec elle. Il n’est pas reposant de s’engager par amour. C’est un travail ciselé que certains emportent encore plus haut. Comme Yumiko qui nous a joué, de ses dix dogits armés, des morceau de musique sur un Koto que ses parents tenaient à lui apprendre pour faire d’elle une parfaite femme soumise. Elle en a bien ri, mais nous a vraiment scotchés. Soumise elle n’est pas, mais nous restons songeur devant tant de talents. De raffinement, encore. D’où cela vient-il ? D’elle, directement, du bocal dans lequel elle a grandi ? Exigeant, multiforme, intransigeant ?

La fête s’est terminée sur son ukulele tahitien pour nous remercier de l’aimer et de l’entourer. Mais si elle savait comme il est aisé d’être sous son charme. De vénérer la mixité, le talent, les couleurs et le coeur de cet ensemble. Pour retrouver au fond de soi toute l’humilité de faire du mieux que l’on peut, même si jamais notre nature ne nous entrainera aussi haut que tout ce qui s’est passé là.

J’étais aujourd’hui au pays de la beauté. Celui de toutes les beautés.

Merci, Yumiko et Eric, de vous êtres rencontrés.

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Devenez animateur.trice d’ateliers de psychologie positive
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2 commentaires sur “La grâce”

  • Milie Coquille dit :

    Merci ! !Je viens de passer un bien « Kiffant » moment….
    C’est très bien restitué, et du coup, même sans y être allé, nous pouvons nous projeter, vibrer, ressentir…..
    Merci
    Milie Coquille

  • Moetu BORDES dit :

    Je suis la tahitienne au « ukelele » qui a eu le privilège d’assister à cette cérémonie de mariage au pays du soleil levant.Un pays que j’ai complètement adopté grâce à mon amie Yumiko. Lors de ce mariage j’avais l’impression d’être parfois « hors du temps »
    et encore merci à Yumiko de nous avoir fait cet immense cadeau « de nous avoir invités à son mariage au Japon ». Merci aussi à tous les deux pour ce week-end à Koyasan alors qu’ils auraient pu le passer ailleurs tous les deux en « lune de miel ».
    Mauruuru Yumiko et Eric et « Te aroha ia rahi » ( merci Yumiko et Eric et beaucoup d’amour dans votre couple).
    Merci Florence pour cet article et longue vie à ton journal en espérant que tout le monde puisse trouver le bon chemin qui les mèneront vers le vrai bonheur, le vrai celui du coeur.

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