La communion des demoiselles

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Samedi dernier, j’ai assisté à la soirée la plus kitch et fantastique depuis longtemps. Au grand Rex de Paris se pressaient 2800 personnes venues célébrer les 50 ans des Demoiselles de Rochefort. Emblème inoxydable des comédies musicales françaises.

La soirée commence par un concert de Michel Legrand, compositeur monumental, et son big band. Avant de commencer, la salle est en émoi, une bonne partie des places ont été vendues deux fois. En arrivant, nos places sont occupées. Nous en choisissons d’autres. Puis arrivent de nouveaux spectateurs qui tentent de nous déloger, et s’enclenche un domino de recalés qui sera résolu sans que nous ne comprenions mathématiquement comment cela était possible.

Big up pour l’équipe de jeunes ouvreurs

Forcément occasionnels, ils espéraient gagner quelques sous facilement ce soir là. Je n’aurai échangé leur place contre la mienne contre aucune promesse. Nous n’avons d’ailleurs pas eu à bouger.

Le spectacle commence enfin. Michel Legrand a 85 ans. Si vie m’est prêtée jusqu’à 85 ans, j’aimerais que ce soit comme Michel Legrand. Mais quel tonus. Nous flottons de bonheur. Tous les thèmes des Demoiselles se déroulent sous nos oreilles. Il se lève, gesticule, se rassied, joue du piano, dirige, tout cela en même temps. Le sourire est général et ça danse dans les fauteuils. Ça n’est que le début de la soirée.

Entracte, popcorn, et c’est reparti.

Là, interview du compositeur, extraits de making-of d’époque du tournage à Rochefort. On y voit une jeune femme, Agnès Varda, les chorégraphes, les actrices, of course. C’est un délice de voyeur transporté dans le temps.

Et puis, la projection d’une version re-colorisée du film. Et des couleurs, il y en a, dans ce monde fantastique. La salle est chauffée à blanc. On se croirait à une projection du Rocky Horror Picture show. Des femmes en tenues 60’s avec les chapeaux et tout et tout.

A chaque coup de foudre, le public miaulait, à chaque baiser, il feulait.

Le thème principal des Demoiselles de Rochefort est le prélude à l’amour. Du préliminaire dansant de haut vol. Le comptoir du bar est doré, les acteurs masculins, dans la vraie vie n’apprécieraient peut être pas autant les femmes que leurs personnages, mais tout tient prodigieusement par la poésie, la construction d’un monde imaginaire au bord du réel et ces actrices magiques.

Nous apprenons ce soir là que la première personne à laquelle Damien Chazelle, réalisateur de Lala Land, a voulu montrer le film avant sa sortie, était son idole de toujours : Michel Legrand. Et boum j’ai compris pourquoi je n’ai pas aimé Lala Land. Je préfère l’attente assouvie au bonheur raté. Ces films sont, en dehors des chorégraphies cathédrales, à l’opposé l’un de l’autre. Est-ce la France, qui reste plus romantique que les américains ? A 50 ans d’écart, clairement.

La soirée s’est soldée pendant toute une nuit pendant laquelle mes lutins du sommeil ont fredonné « Nous sommes des sœurs jumelles ». Je ne savais pas qu’ils l’étaient.

Enjoy !

 

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