Contrôle technique

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Changement d’adresse sur carte grise =  changement  complet d’immatriculation =  Madame, vous n’avez pas fait votre contrôle technique.

Ah oui, tiens, c’est possible. Soudain, 48h pour tout faire et cet après midi, je pile devant un Midas en plein Paris.

Bonjour ! Une femme toute vêtue de blanc m’y accueille : jolie, pêchue, « épuisée » me dit elle et « même quand les lettres sont grosses sur les pneus, je ne les vois pas ». Elle rigole, s’affaire, devise, pas une tache sur la dentelle de son corsage. Tac, tac, ça y est, tout est en route. A mon retour, la mauvaise surprise des disques de freins totalement foutus. Ben tiens.

Mais bon, c’est possible, après tout. 30 minutes de plus dans l’échoppe. Plutôt que de repartir gambader, je l’observe. Elle a bien l’air fatiguée, mais elle est si gaie.

Je lui demande si nous sommes ici chez elle, et nous voilà partie. Enfin, elle, Véronique, surtout. Oui, depuis 10 ans. Et avant vous faisiez quoi ?

La réponse a dépassé toutes mes suppositions. Directrice commerciale sur la route par tous les temps. Un soir, une voiture lui grille la priorité. 3 mois de comas, 3 ans d’hôpital. Elle se réveille aveugle, un oeil complètement perdu. Ne peut plus conduire, pratiquer son métier, dépenser toute son énergie. Handicapée. Cataloguée. Privée de ce qu’elle a été.

Elle essaie autre choses, comme rester en place derrière un bureau, mais voilà peut-être la seule chose qu’elle ne peut pas accepter. Et pour dépanner un copain Midassiste, elle lui tient sa boutique. Coup de foudre pour le rythme effréné des clients qui arrivent sans prévenir. Elle apprend à distinguer les feux arrières et les essieux et s’installe à son tour.

C’est reparti mon kiki, migraines effroyables à l’appui. On ne se remet pas sans peine d’un tel accident de la vie. Et puis elle passe une mamographie. Cancer du sein, Madame. Elle informe le médecin : regardez bien, ça n’est pas possible, j’ai déjà tellement souffert. Ca ne doit pas être possible.

Si. Si !

Ablation. Ménopause précoce. Elle s’achète des perruques, des longues, des courtes, des rouges et des vertes. Elle se rend à l’hôpital pour suivre son traitement. L’infirmière est surprise par le contenu de son sac « vous n’en aurez pas besoin, vous ne perdrez pas vos cheveux ». Ca l’a vraiment déçue.

Aujourd’hui elle est guérie et se rend chaque semaine rencontrer des femmes qui découvrent à peine leur diagnostic. Pour leur parler de sa survie, de ses triomphes, de sa reconstruction, de ses ambitions, de ses succès, de l’importance qu’elle attache désormais à tous les siens, de sa nièce de 10 ans qui lui a appris que les amazones aussi se faisaient retirer un sein pour mieux tirer à l’arc.

Quand je pense que j’ai hésité à changer mes plaquettes de frein. Que d’être toujours pressée m’aurait privé de ce récit, de ce moment et de l’énergie contagieuse de Véronique. Je lui ai offert le badge 3 kifs par jour qui était dans mon sac. Q’est ce que c’est m’a-t-elle dit ?

C’est vous ! Car c’est à force de regarder vivre des gens comme vous que l’on sait désormais que savourer ce qu’on a est ce qui nous donne la meilleure vie à vivre. Quel que soit ce que l’on a.

Devenez animateur.trice d’ateliers de psychologie positive
Devenez animateur.trice d’ateliers de psychologie positive

4 commentaires sur “Contrôle technique”

  • Laurent Lacoste dit :

    Jolie histoire, une belle énergie de vie. Et c’est vraiment chouette que tu te donnes le temps pour ce type de rencontre.

  • celine dit :

    Merci Florence, pour cette merveilleuse histoire.

  • Nathalie dit :

    Quelle leçon de vie ! A nous qui sommes toujours en train de nous plaindre pour 3 fois rien !
    Merci d’avoir partager cette belle rencontre !

  • Steph dit :

    Et toi qui voulais aller chez Speedy !!

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