Californie 2018 : cannabis et cloud managers

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Je rentre d’une virée américaine, de New York à San Francisco. Je visite toujours ce pays les yeux et les oreilles grands ouverts comme le faisait mon grand-père, Emile. En 1917 il publiait « L’exemple Américain », récit de ses étonnements et découvertes US : des démonstrations d’aspirateurs live dans des vitrines de magasins, aux services de sténos proposés chez le barbier, le temps d’un rasage. Depuis, la mondialisation œuvre pour que nous nous ressemblions, mais n’a pas encore tout aplani. Nos cultures ont la vie dure. Heureusement. Voici ce qui m’a étonnée, cette fois encore.

AMOUR

La question n’est plus si on s’est rencontrés en ligne (ça va de soi), mais sur quel site.  Ainsi, une jeune mariée, partage sa fierté d’avoir rencontré son promis sur un site français ayant ouvert une antenne US. So tellement plus chic qu’un Tinder ou Match.com. Pour elle, il s’agit d’un petit plus très oulala, et prometteur pour leur union. Se rencontrer dans une plus petite base de donnée crée une plus forte intimité.

CYBERDOC

Un médecin se consulte de son smartphone. On clique sur une application. Le rendez-vous téléphonique aura lieu dans l’heure. La consultation se fait à la caméra, guidé par le praticien : ganglions, pression sur le crâne, dans le cou, dans l’oreille, prise de température. Toussez-madame ! Le diagnostic établi, l’ordonnance est envoyée directement à une pharmacie géo-localisée. La posologie s’ajoute au compte personnel de l’utilisateur. La carte bleue est débitée. Le généraliste était à 3000 km de là. L’économie carbone est totale, et l’otite va être soignée.

CANNABIS

En Californie, le cannabis est légal et un nouveau paradigme a déjà chassé l’ancien. On entre dans des boutiques, ambiances rasta ou plutôt Apple Store, selon les quartiers. Dans la première, des rastas justement, fument des joints en jouant aux échecs. DJ maison, DAB dans la boutique. Dans l’autre les produits sont présentés sur des tables lumineuses, comme des smartphones. On y achète de l’herbe en vrac, des joints roulés, des vaporettes, des comestibles, des lotions. On discute avec le vendeur pour expliquer ce que l’on recherche : rire, mieux dormir, moins souffrir, se calmer. A chaque usage, son produit et son dosage. L’état taxe toutes ces ventes à 25%. Même les dealers devenus revendeurs sont entrés dans la guerre commerciale. De nombreuses applications notent leurs produits, leur ponctualité et leur attitude. Les livraisons sont express.

On peut aussi se faire délivrer une carte d’utilisateur de marijuana médicale par un cyber médecin pour 39$. Celle-ci donne le droit d’acheter de plus grosses quantités hebdomadaires et une herbe plus forte. Car considérée comme un médicament, elle est effectivement prescrite dans le cadre de maladies chroniques ou de douleurs. Un remède comme un autre.

CLOUD MANAGER OU CHAMAN

Il suffit de tendre l’oreille pour voyager. Lors d’un dîner chez des amis, ma voisine de droite est cloud manager. A ma gauche un réalisateur/chaman fait lui, bouger les nuages, les vrais, ceux-là. Il n’a pas plu de tout l’hiver à San Francisco, alors il convoque les esprits pour tenter de sauver la région.

Un jeune homme de 21 ans a lancé l’Airbnb des allées de maisons pour trouver où garer sa voiture dans des villes saturées. On y ouvre aussi le garage de sa maison le temps de son absence. Tout le monde vente les vertus du polystyrène en champignon. Je sous estimais jusqu’à là le potentiel de cette matière pour sauver le monde. Au bout de la table deux startuppers distincts dans l’industrie du cannabis : importateur de matériel de distillation pour l’un, manager de boutique THC pour l’autre. Je trouve mon monde soudain bien ordinaire.

PREMIÈRES FOIS

Du wifi dans l’avion. C’est déroutant, en fait, tant nous sommes habitués à être déconnectés dans les airs. J’ai envoyé un mail à mon bureau en survolant l’Utah. Une sensation grisante qui va très vite se banaliser.

Des méditations, dont une sur la peur des airs, dans le programme de divertissement du même vol. J’ai testé celui contre le jet lag. Il m’a endormie pour les prochaines 45 minutes.

Un road trip tout électrique en TESLA. Chargée à bloc, nous avons pu sillonner la région. Les américains n’attendaient que cette nouvelle technologie pour reconstruire de très grosses voitures : un salon roulant, silencieux et semblerait-il, vertueux.

SOURIRE

J’ai passé un moment avec mon ami Tal Ben Shahar. Désormais installé aux US, il se régale, lui aussi de ces nouveautés. Il me raconte la genèse de son dernier livre : Conversations avec mon coiffeur. Un échange de 2 ans en allant se faire couper les cheveux chez son coiffeur philosophe. Il jubilait en en parlant et se remémorant ses plages d’écriture. Pour avoir suffisamment de matière, il confesse que ses enfants n’ont plus un poil sur le caillou, à force de les y emmener à leur tour, trop souvent. Tout le monde y est passé. C’est un livre dont la France à la primeur. Il ne sortira que plus tard aux Ztazunis.

À TABLE

La salsa bat son plein dans nos assiettes. Salsa aux tomates crues, cuites, vertes, jaunes, rôties ou réinterprétées. Un délice si on aime saupoudrer sa vie de piments divers. Des plats sont servis accompagnés de 7 déclinaisons différentes. La plus étonnante était aux cachous torréfiés. Pour ne pas dire presque brûlés. Blanche, douce, et très BBQ. Voici une recette.

PUDEUR

Une cabine d’allaitement dans l’aéroport. Entièrement close et sans fenêtre. J’avoue ne pas être entrée pour voir ce que ça donne comme impression, de l’intérieur.

Pour finir, une sensation plus globale. La « tech » asphyxie San Francisco. Les loyers sont tels, que la ville perd ses familles. Chaque maison est manucurée. Tout est entretenu uniformément. Il y a de moins en moins d’enfants dans les rues, la population y est urbaine, hipster et éduquée. Les artistes désertent, la culture hispanique disparaît des murs. Le folklore se noie dans des caffe lattes. Les hangars abritent de plus en plus d’espace de co-working, de free lanceurs et de développeurs repoussant toujours plus loin les classes moyennes et travailleurs indispensables au fonctionnement d’une telle cité. L’augmentation des embouteillages suit celle de la prospérité économique. On ressent une ascension sans fin qui donne un peu le vertige. Il n’y a pas si longtemps, les hippies surveillaient encore la baie. Et bien c’est tout à fait terminé.

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2 commentaires sur “Californie 2018 : cannabis et cloud managers”

  • christine dit :

    je complète le commentaire précédent
    vous lire me donne la pèche…….américaine

  • giard christine dit :

    hello Florence, je viens de faire ce voyage, mais dans l’autre sens Los Angeles- New York et je viens de rentrer aujourd’hui assez décalquée pour le moment. Mon impression? je me suis sentie rentrer chez moi à NY ( j’y ai vécu 6 ans) et à Los Angeles j’ai ressenti une énergie extraordinaire dès 6:00 am. la lumière de NY et LA me manque ici à Paris, le sourire et le sentiment que tout est possible aussi . mais
    la vie veut que je sois à Paris maintenant et il va falloir que je positive grave ce que je fais assez facilement mais surtout que je rencontre des gens ce qui est difficile, non pas pour moi mais pour les parisiens. Allez on va vivre ici à l’américaine!!!

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