10 jours sans manger – jour 6

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J’ai un os de hanche dis-donc ! Ca faisait longtemps que je ne l’avais pas vu celui-là.

Pendant un jeûne, les cellules affamées ont besoin de fabriquer du sucre. Seul aliment dont le cerveau ne peut se passer. Poliment, elles commencent par attaquer les réserves de graisses. On peut ainsi, avec une corpulence normale, tenir 40 jours sans endommager quoi que ce soit de vital. Les personnes en surpoids tiendraient jusqu’à 100 jours. Passée cette limite, le corps se nourrit de ce qui reste, les muscles et là évidement, c’est la dégringolade. Ici, nous bougeons tout le temps, d’une part pour nous réchauffer, mais d’autre part pour continuer à en fabriquer des aducteurs et ne laisser à nos cellules aucune occasion de se tromper de voie.

Super programmation génétique quand même. Mais à l’époque de développement primitif de notre fascinant organisme, le grand ordonnateur  n’avait pas encore prévu le gonflement du tissu sous-cutané qui donne à la peau un aspect capitonné à la manière d’une peau de fruit gorgé de vitamine C. Si vous voyez de quoi je parle. Alors ces ouvrières commencent par se nourrir de tout ce que l’on a de mieux. Les joues, les seins, même la fine pellicule de graisse invisible qui recouvre la cage thoracique. Quand au bas du corps, on a l’impression qu’il faudrait jeûner deux ans avant que quoi que ce soit ne l’atteigne. C’est une confidence regrettée et très partagée par les dames dans les couloirs d’ici.

Quand à mon état du jour, il ne peut être plus raplapla. Lever un doigt relève d’un semi-marathon. J’ai la tête qui tourne et les yeux pas en face des trous. Un court cours de sport a eu raison de mon énergie de la journée.

Visite du marché quand même : saucisses indeed, choucroute en vrac, légumes de printemps, déjà plus appétissants, l’ail des ours, justement. L’odeur qui m’a chavirée est celles des herbes assaisonnant les olives dans de grands bacs. Je suis restée quelques instants les yeux fermés pour m’en imprégner.Délice. Puis j’ai du crapahuter pour remonter sur ma colline et c’est là que j’ai réalisé le poids de l’apesanteur. Hier je grimpais comme un cabri, aujourd’hui, je rampe comme une truite hors d’eau.

Après midi en chambre. C’est une autorisation folle que je m’accorde-là, mais j’écoute. Mes intestins me parlent moins. Les méninges ont pris le relais. Un cauchemar épouvantable de dispute sordide avec quelqu’un à qui je tiens tellement a pollué mes quelques heures de sommeil. Je récupère dans cette journée.

17h : la sève remonte. Mes yeux s’ajustent. J’ai préparé un petit powerpoint pour faire une conférence sur le bonheur à mes co-curistes, et bien ça m’a remis d’aplomb dis donc. Entorse salvatrice au programme. Je pressens la nuit à refaire des sauts de cabri.

Jour 5

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2 commentaires sur “10 jours sans manger – jour 6”

  • Nicole Valentine dit :

    Tu gardes ta plume et ta joie! C est l essentiel non ( en tout cas pour moi!) Et puis tu me fais rire ce qui est un exploit ces temps ci.
    Merci
    V

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